Radiotunisiamed

    samedi 16 octobre 2021

    Dans l'ombre de Sidi Mahrez

     


    par Hatem Bourial

    Le mausolée de Sidi Mahrez est aussi un lieu de mémoire juif. C'est toujours de la sorte que j'ai ressenti la présence de ce saint personnage qui est aussi le fondateur virtuel de la hara de Tunis.
    Selon la tradition, c'est Sidi Mahrez qui a accordé le droit de cité aux juifs qui, grâce à lui, ont pu s'installer et prospérer à l'abri des remparts de la médina.
    La communauté juive de Tunis voue une reconnaissance intacte à Sidi Mahrez et continue à l'exprimer de diverses manières que ce soit dans le pays ou dans les différentes diasporas.
    Le respect pour Sidi Mahrez est d'ailleurs emblématique des relations entre les différentes communautés de la ville qui accordent une place particulière au saint-patron de Tunis.
    Cette stature à part, Sidi Mahrez l'a obtenu à l'époque médiévale lorsqu'il avait su mobiliser les Tunisois face aux assauts des chiites qui tentaient de s'emparer de la ville.
    En dépassant le seuil du mausolée, je me suis souvenu de tous ces faits historiques et des nombreux usages liés à cette "zaouia" en particulier. J'ai alors donné un coup de heurtoir presque imperceptible, pour m'annoncer. J'ai ensuite salué les vestales qui accueillent les visiteurs comme si nous étions dans un temple antique.
    J'ai ensuite pénétré dans le sanctuaire, une prière silencieuse et un voeu chevillés au cœur. Quelques minutes seulement dans cette oasis de spiritualité et le flux des fidèles étreignait la baraka du saint. Surtout des femmes, très décontractées et souriantes. Leur joie mêlée de ferveur était perceptible et belle. Chacune psalmodiait une prière ou allumait symboliquement une bougie avant de repartir.
    J'observais la noria incessante et admirais la simplicité de la sépulture ornée de drapeaux en songeant aux processions et aux banquets annuels des confréries.
    Exégètes du Coran ou de la Thora, imams ou rabbins, tsadiks ou sidis, tous nos saints se ressemblent comme nos fêtes se confondent. Une zerda n"est rien d'autre qu'une seouda, une hiloula n'est après tout que l'équivalent d'un moussem et une ziara a la même signification chez les juifs et les musulmans.
    C'est ce que j'ai retenu de cette brève visite matinale au mausolée de Sidi Mahrez : une proximité insécable avec le judaïsme et aussi une spiritualité fondée sur des gestes simples et une hospitalité naturelle.
    Je pourrais bien sûr disserter sur ce que l'orthodoxie assimile à un paganisme ou sur la détestation de ces mausolées par les intégristes. Je pourrais parler de ces milliers de zaouias qui sont disséminées dans tout le pays et décrire leurs rituels.
    Je pourrais aussi raconter la chronique de certains de ces Bienveillants qui sont un des socles de notre piété.
    Je ne le ferai pas ici tout en essayant de dire mon ressenti de quelques instants puis mes pas hors du sanctuaire qui me mèneront naturellement chez le confiseur installé à demeure. Ici, en sortant, les pélerins et les autres achètent quelques grammes de nougat qui, dit-on sont imprégnés de grâce.
    Hors du marabout, je fais quelques pas dans les souks, entre les étalages des marchands d'encens. C'est vendredi, presque le rendez-vous de la prière collective pour les musulmans. Dans l'ombre chaude de Sidi Mahrez.
    Dans quelques autres heures, ce sera le chabbat qui commence avec le crépuscule. Dans l'ombre de Sidi Mahrez aussi.
    H.B

    Italie: dernier vol pour la compagnie Alitalia après 74 ans d'activité

     


    C'était la dernière journée de vol pour Alitalia. La compagnie aérienne italienne disparaît ce vendredi 15 octobre après une histoire mouvementée de 74 ans. Lourdement endettée, elle sera remplacée par une autre entité plus modeste nommée ITA. La pandémie de coronavirus a sonné le glas d'un groupe en grandes difficultés financières depuis plusieurs années.

    Alitalia, 74 ans d'activité, un logo vert et rouge sur fond blanc comme le drapeau national, et une histoire qui se confond avec celle de l'Italie contemporaine.

    Symbole de la réussite industrielle du pays après la Seconde Guerre mondiale, elle est devenue la septième compagnie au monde dans les années 1970. Puis, c'est le déclin économique... Le fleuron national italien n'a pas su se renouveler et prendre le virage du long-courrier notamment, se laissant rogner des marges par les compagnies européennes à bas coûts.

    Treize milliards d’euros déboursés 

    Pour sauver le groupe endetté, l'État a déboursé, en 20 ans, plus de 13 milliards d'euros via des recapitalisations ou des garanties de prêts. Mais à la fin, c'est plus de 11 milliards d'euros de dettes que le groupe cumule. Il est mis sous tutelle publique en 2018 pour lui éviter la faillite et trouver un repreneur, en vain.

    Les conséquences de la pandémie de Covid-19 sonnent le glas d'Alitalia. Au terme de longues négociations avec Bruxelles, c'est ITA qui lui succède. La petite société reprend seulement un tiers de la flotte et 3 000 employés d'Alitalia sur 10 000 cette année.

    Mais le personnel de la compagnie historique doute que la nouvelle entité soit assez viable pour embaucher 5 750 en plus en 2022 comme cela a été annoncé.

    ► À lire aussi Italie: quel avenir pour la compagnie aérienne Alitalia?