Farouk Ben Ammar
En Avril 2016, une conférence de presse fut tenue par des investisseurs du golfe arabe, pour annoncer la relance du méga projet d'Enfidha.
Et voici que, deux ans plus tard, on remet au goût du jour un projet suspendu. Un projet que l'on croyait bel et bien enterré et que certains s'entêtent à ressusciter.
Cette fois, et d'après ses promoteurs, le projet pourrait créer vers les 250.000 emplois sur une période de dix (10) ans. Des ambitions revues à la baisse.
Pour rappel, c'était en Septembre 2014, à l'issue de la rencontre de Tunis "Invest in Tunisia: a startup democracy", qu'on annonça le lancement de ce projet dans la ville côtière de Enfidha, baptisé le "Tunisia Economic City".
Un projet d'un coût global de 50 Milliards de dollars (100 Milliards de dinars) sensé créer, alors, 200.000 emplois sur seulement trois (3) ans.
Un Financement impossible
De prime abord, l'Etat tunisien, partenaire incontournable dans ce projet, comment va-t-il trouver finances? Contracter d'autres crédits de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards de dinars auprès des bailleurs de fonds traditionnels? Certainement pas!
En ces temps d'incertitudes économiques et un climat de méfiance générale, les promoteurs privés préféreraient toujours investir en Europe ou garder leur pactole à l'abri des convoitises dans des paradis fiscaux, surtout après le scandale du "Panama papers" dont les éclaboussures restent encore à craindre.
Car les gouvernements, en quête de ressources financières supplémentaires, sont désormais aux aguets pour sévir contre l'évasion fiscale et la fuite des capitaux.
Aussi, l'anéantissement de l'ISIS (Daech), requiert la mobilisation de dizaines de Milliards de dollars par les pays du Golfe qui sont les principaux bailleurs de fonds du projet d'Enfidha, et principalement l'Arabie Saoudite.
Sans oublier la campagne militaire que mène l'Arabie Saoudite au Yémen, qui vampirise les ressources financières de ce pays. Une campagne qui n'a pas l'air de cesser de sitôt.
A ce titre, l'agence Reuters a estimé des dépenses mensuelles de 175 Millions de dollars (350 Millions de dinars) pour soutenir cette guerre déshumanisée, en sus des 500 Millions de dollars (1 Milliard de dinars) si jamais une intervention au sol est engagée.
Depuis cette intervention militaire, lancé mars 2015, ce pays enregistre son plus haut déficit budgétaire depuis la guerre du Golfe, soit 100 Milliards de dollars (15% du PIB) en 2015 et un déficit prévisionnel représentant 13.5% de son PIB pour 2016!
En conséquence, l'Arabie Saoudite a suspendu une aide de 3 Milliards de dollars (6 Milliards de dinars) pour le Liban pour l'assister dans sa lutte contre le terrorisme.
On a eu aussi vent que le gouvernement saoudien a récemment menacé de vendre ses 750 Milliards de dollars (1.500 Milliards de dinars) d'actifs américains, si jamais le Congrès américain, dominé par les républicains, approuve la loi: "THE 9/11 BILL".
Cette loi pourrait impliquer d'une manière ou d'une autre ce pays et ses ressortissants dans les attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center.
Une fois votée, cette loi permettra de lancer des poursuites judiciaires et par voie de conséquence causer le gel des avoirs de l'Arabie: Les Avoirs de l'Etat et de ses nationaux, principaux investisseurs dans ledit méga projet !
Une Pléiade de méga projets avortés
Plusieurs méga projets furent annoncés. Des projets de tailles plus ou moins importantes, aujourd'hui tous abandonnés.
Je citerais, ci-après, les projets les plus médiatisés:
• Le projet
"Tunis Sports City", pour un coût total de prés de 5 Milliards de dollars (10 Milliards de dinars).
Le projet a été abandonné suite à des conflits d'intérêt entre les investisseurs Emirati et des caciques de l'ancien régime, et qu'on a voulu relancer en 2012, sans succès.
• Le projet "
Tunis Financial Harbor", ou Port financier de Tunis, lancé en 2009, par des investisseurs du Bahreïn, fut aussi abandonné.
Le cout du projet était estimé à 5 Milliards de dollars (10 Milliards TND), et sensé créer entre 6.000 et 16.000 emplois et qu'on essaye de ressusciter par le méga projet d'Enfidha.
• Le
projet "Taparura" à Sfax, d'un coût de 100 Millions de dollars (200 Millions de dinars). Un projet qui patauge suite aux diverses malversations. Le projet fut financé en partie par un prêt de 34 Millions d'Euros (70 Millions de dinars).
• Le projet "Diar Qatar" au sud tunisien d'un montant de 80 Millions de dollars (160 Millions de dinars) lancé en 2010, duquel ne fut réalisé qu'une prosaïque stèle inaugurale.
• Le projet du "Centre Arabo-chinois" pour l'attraction des touristes chinois, lancé en 2012. Un projet tombé dans les oubliettes.
• Le méga projet touristique des iles Kerkennah annoncé en 2009, relancé en 2011 et encore en 2014.
Un projet resté encre sur feuille. Des spéculateurs immobiliers peu portés sur le scrupule ont fait fortune à travers une société privée qui a encore droit de cité.
Une conclusion: Ces projets n'ont fait qu'attirer affairistes et spéculateurs immobiliers de tout acabit qui se sont enrichis sur les dépenses indirectes et frais divers, non sans corrompre au passage, l'administration et quelque personnel politique.
Quant aux chômeurs diplômés, ils resteront sur leur faim...le plein emploi ce n'est pas pour demain.