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    lundi 4 mars 2024

    À Libourne, les canaris de Walid Boudiche sont des maîtres chanteurs

     


    Ce jeune médecin  Tunisien installer en France est passionné depuis des années par ces oiseaux et leurs chants. Trois de ses protégés sont récemment devenus champions du monde lors d’une compétition organisée en Espagne

    Aller battre les Espagnols chez eux, sur leur terrain n’est pas chose aisée. Bien des sportifs s’y sont cassé les dents. Pourtant, Walid Boudiche l’a fait grâce au talent de ses poulains à plumes même s’il s’agit davantage de chant que de sport. Lors des championnats du monde qui se sont déroulés en janvier dernier à Talevara de la Reina (province de Tolède), ses timbrados - c’est le type de canari - ont offert au médecin libournais un joli palmarès : champions du monde en duo, champion du monde en individuel adulte et une troisième place en individuel 2023.

    Des résultats qui ne doivent rien au hasard, sa passion pour ces oiseaux et leur chant remonte à l’enfance. « Il y avait des canaris chez ma grand-mère et j’avais un oncle qui était aussi mordu. À un certain âge, on accroche sur ses chants qui nous bercent, j’étais toujours à les écouter », confie Walid Boudiche. Lequel est devenu au fil des ans un amateur plus qu’éclairé. « Il existe trois catégories traditionnelles de canaris de chant : le timbrado espagnol, le harz allemand et le malinois belge. Une nouvelle est récemment apparue, le Russe. »

    Notes et variations

    Et Walid Boudiche ne se fait pas prier pour détailler les différences. Les timbrados présentent ainsi, trois sortes de chants. « Le continu qui peut chanter douze notes timbrées mais aussi des variations roulées qui sont les plus jolies, des notes déliées ou du délié court. C’est un chant qui fait l’objet d’un apprentissage pour l’oiseau. Le discontinu qui est un chant inné sans timbre ni roulés. Et le cantor espagnol qui correspond à ce que l’on appelle des notes fleuries ».

    Le Harz est doté d’une voix plus faible. « Cela vient de son origine, il était descendu dans les mines et servait d’alarme en cas de problème. Il a une voix

    Long apprentissage

    Walid Boudiche a démarré son élevage en 2013. « Au départ, je suis parti avec deux couples et j’en ai aujourd’hui 20. Cela nécessite beaucoup de temps, je remercie d’ailleurs ma famille d’avoir accepté ça ». Car les oiseaux sont bichonnés et soignés comme des sportifs de haut niveau ou des chanteurs lyriques si on veut en faire les meilleurs, capables - comme cela a été le cas - de remporter des titres internationaux. À noter que si le mâle et la femelle chantent, c’est monsieur qui est doté d’un meilleur organe et concoure.

    « Les oiseaux sont bichonnés et soignés comme des sportifs de haut niveau ou des chanteurs lyriques »

    Former des canaris au chant continu - comme ceux présentés par Walid Boudiche - est un long processus. « L’apprentissage démarre dès l’œuf, le poussin entend dès ce moment-là le chant du père ou celui diffusé par un MP3 installé dans la cage. Il m’arrive de composer des chants pour cela. »

    Il existe différentes variétés de canaris.
    Il existe différentes variétés de canaris.
    Lilian Briot/Wikimedia commons

    Créer des chorales

    À la naissance au bout de 13 jours jusqu’à son sevrage au bout d’un mois, l’oisillon continue à écouter son père « et pas le voisin, il sait faire la différence ». Après le sevrage, l’oiseau est changé de cage et mis avec des « professeurs », c’est-à-dire les meilleurs chanteurs ou, encore, des chants diffusés par MP3. « Au moment de sa mue, il y a une période de repos et après on recommence l’apprentissage. C’est la période la plus critique, là où le chant se fait ».

    Deux mois plus tard, « débute ce que l’on appelle l’écolage. Les canaris sont dans des cages individuelles, empilées par quatre pendant une semaine, l’objectif est de créer une chorale ». Les volatiles sont ensuite séparés une semaine et sont dans la pénombre, « pour les amener à écouter et se concentrer ». La troisième et quatrième semaine, c’est le passage dans « l’armoire », un coffre en bois doté d’un rideau noir. Là encore, ils doivent écouter le prof ou la diffusion audio, « on ouvre quatre fois par jour ». La cinquième semaine voit les canaris fin prêts pour les concours. « On les emmène dans des sortes de valises en bois, et normalement ils doivent chanter dès qu’on les sort ». Au fil des années, l’oreille de Walid Boudiche s’est formée pour détecter les meilleurs : « Cela nécessite des heures d’écoute ».

    Le médecin a débuté les concours en 2017. « J’ai fait deuxième au championnat de France à Colmar ex aequo avec le premier et depuis cette date j’ai toujours envoyé mes canaris au championnat du monde, cela a payé cette fois et gagner chez les Espagnols est une satisfaction de plus », dit Walid Boudiche qui estime avoir remporté là son bâton de maréchal et ne devrait pas concourir l’an prochain. « Il faut laisser la place aux autres »

    https://www.sudouest.fr/gironde/libourne/a-libourne-les-canaris-de-walid-boudiche-sont-des-maitres-chanteurs-18806790.php