Depuis le lendemain de l'Indépendance :
Nous avons détruit les remparts et les portes de la Médina de Tunis.
Nous avons arraché les rails du vieux tramways de Tunis et réformé ses charmantes structures motrices .
Nous avons fait de même pour le TGM avec ses wagons en boiserie fine et lustrée et ses accessoires en bronze et en laiton.
Nous avons démoli les témoignages de l'architecture militaire tels que la Kasbah de Tunis et les Casernes du Bardo...
Nous avons démantelé la centrale thermique de la Goulette qu'on aurait pu reconvertir en Musée industriel unique en son genre.
Nous avons arasé la Prison Civile de Tunis qui aurait pu servir de maison d'hôte très originale et chargée d'histoire.
Nous laissons la Karraka de La Goulette agoniser et dépérir dans un océan de saletés et de détritus.
Nous laissons les Ports Puniques se transformer en cloaque nauséabond.
Nous nous apprêtons à démanteler l'Hôtel du Lac témoignage d'une architecture métallique faisant l'objet de tous les soins ailleurs.
Nous avons défiguré et "désossé" toutes les petites églises citadines et rurales.
Nous fermons les yeux sur les atteintes aux derniers carrés non construits du site de Carthage.
Nous négligeons l'entretien et la sauvegarde du patrimoine immobilier unique des quartiers dits européens de la Capitale.
Nous avons asphalté des rues et des ruelles naguère recouvertes de pavés patinés et cirés par le temps.
Nous avons fait du Port de Tunis un lieu mal famé, une véritable honte pour l'une des plus belles capitales méditerranéennes.
Comme je ne suis pas spécialiste, j'arrête là ma série noire d'actes condamnables aux effets irréversibles.
Je n'évoque pas cette situation par nostalgie pleurnicharde mais pour dire qu'un tel patrimoine urbain et industriel fait l'objet de mise en valeur culturelle et touristique dans toutes les capitales européennes, de Paris à Lisbonne, de Londres à Francfort , d'Athènes à Rome, de Madrid à Amsterdam...
Dommage, vraiment dommage.
Et ça continue à pérorer et à parler de Tourisme Culturel.
Honte à nous.