Devenue un véritable symbole des petits kifs marsois, son enseigne a marqué pour toujours l’histoire de la banlieue nord de Tunis! Disparu le 12 décembre 2012, Joseph a laissé derrière lui des sandwichs au goût unique, et une part de mystère autour de son histoire. Voici pour vous l’incroyable destin du père du Royal Djo.
Mercredi 12 décembre 2012, après une messe célébrée à l’Archevêché de Sidi Dhrif, un certain Giuseppe Piazza était inhumé dans la discrétion au cimetière du Borgel. Son vrai patronyme ne vous dit surement rien, puisque tout le monde le connaissait sous le nom de Joseph. Tout court. Comme Prince, ou Madonna. Mais lui, c’était notre super star des sandwichs à tomber!
On venait souvent de loin goûter à son inimitable Salami Fromage, ou son fameux Royal Djo, réservé aux plus gourmands. Mais au-delà de ses sandwichs légendaires, Joseph était aussi connu pour son sourire et sa bonhomie. “Il a eu une vie heureuse, depuis que je suis né je ne l’ai jamais vu en colère, il était toujours de bonne humeur, il riait toujours”, se souvient son petit-fils, répondant au statut de Yassine Redissi posté le jour de sa mort. C’est grâce à son témoignage qu’on a pu enfin éclaircir la part de mystère autour du plus tunisien des italiens.
Un soldat sicilien à la Marsa
Et si l’on adorait visiter Joseph, c’était surtout pour ce qu’il représentait. Car c’était l’un des derniers monuments d’une ère qui semble révolue, où les différentes communautés religieuses vivaient en parfaite harmonie. Et même si beaucoup croyaient connaitre cet aimable personnage, très peu connaissaient sa véritable histoire. Certains le disaient juif tunisien, d’autres maltais, chacun spéculant sur ses origines.
Installé en Tunisie à la fin des années 40, Joseph était en fait Sicilien, et un fervent chrétien catholique. “Son vrai nom était Giuseppe Piazza, raconte son petit fils. Il vint en Tunisie après qu’il fut coiffeur pour l’armée, puis soldat chargé de conduire les camions de ravitaillement des troupes italiennes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il était installé à la Marsa depuis 1949, sans discontinuité.”
“Il aimait ce pays et les tunisiens”
Joseph insistait pour tenir lui même son restaurant, jusqu’à ses dernières heures. Malgré la vieillesse et la maladie. ” Il a été un exemple de travail, jusqu’au dernier moment, ainsi qu’un exemple d’honnêteté, de bonté et de probité”. La veille même de son départ, le 11 décembre, il était encore derrière son comptoir, distribuant ses bons sandwichs et ses petites blagues. “Depuis que je suis né je ne l’ai jamais vu en colère, il était toujours de bonne humeur, il riait toujours!“
“Même si ça n’a pas d’importance en ce moment, il faut que les gens connaissent la vérité! insiste son petit-fils. Joseph aimait ce pays et les tunisiens! Il a eu une vie heureuse. Il restera comme un grand souvenir heureux pour nous tous”, conclut-il.
Les tunisiens qui ont eu la chance de goûter à ses créations culinaires en garderont aussi un souvenir heureux. Et continuent, jusqu’à aujourd’hui, de rendre visite à ce petit temple des grands kifs, pour ses succulents sandwichs, et à la mémoire d’un certain Giuseppe Piazza…
(© Photo Webdo & Mohamed R. / Foursquare)