Le ministre des Affaires
religieuses a annoncé le 16 avril qu’en accord avec le ministère de l’Education
nationale, les établissements scolaires dispenseront cet été, pendant la
période des vacances, des cours de religion. Une initiative controversée.
“A
peine le printemps a-t-il pointé le bout de son nez qu’on pense déjà à la
meilleure manière d’occuper nos jeunes pendant leurs (longues) vacances d’été.
Dans le cadre du projet de réforme de l’école nationale et du plan de lutte
contre le terrorisme, le ministre des Affaires religieuses annonce qu’un accord
a été signé avec le département de l’Education pour proposer une nouvelle
activité aux jeunes [du primaire au lycée] pendant leurs vacances. Désormais,
les écoles publiques ouvriront leurs portes en été et seront consacrées… à
l’apprentissage du Coran”, s’étonneBusiness
News.
A noter que dans l’enseignement public en
Tunisie, les cours de religion, dispensés en tant que matière secondaire avec
un faible coefficient, sont obligatoires durant les neuf premières années de
scolarité. Pour les lycéens, le programme scolaire comporte un enseignement
sommaire de la pensée islamique.
“Il
n’y a pas que le Coran dans la vie”
“Protéger
nos jeunes de l’endoctrinement et du fléau du terrorisme. Tout cela est bien
sympathique, mais lorsqu’on pense que le premier à prendre à cœur le
‘divertissement’ de nos jeunes est le ministre des Affaires religieuses, c’est
qu’il y a un souci quelque part”, poursuit le site
tunisien. L’idée est sous certains aspects “louable” car“apprendre le Coran a le mérite
d’enseigner aux jeunes les subtilités de la langue arabe, de corriger leur
diction et prononciation”. Mais, toutefois, “il n’y a pas que le Coran dans la
vie et cela est loin d’être suffisant !”
Et de demander : “Les autres ministères des Technologies, des Sports et, surtout, de la Culture n’auraient-ils pas dû être les premiers à faire ce genre de proposition ? Pourquoi la lecture n’a-t-elle pas sa place dans nos établissements éducatifs ?” Avant de conclure :
Il peut être salutaire pour les jeunes de lire ce livre saint par eux-mêmes et d’en comprendre la logique afin d’éviter de gober les versions loufoques que tout hurluberlu pourrait leur raconter un jour. La question est, pourquoi uniquement le Coran ? Pourquoi est-ce que la culture est loin d’être une priorité ?”
Kapitalis adopte pour sa part un ton
plus conciliant : “Sachons
raison garder : les cours de Coran et de religion islamique dans les
écoles, collèges et lycées ne transformeront pas ces lieux d’éducation
républicaine en pépinières de daechiens. D’aucuns, parmi les laïcistes, ceux
que je qualifie volontiers de ‘salafistes profanes’, sont tout de suite montés
au créneau, dénonçant la transformation de nos établissements scolaires en
écoles coraniques. Or il n’en sera rien, car ils resteront des lieux
d’éducation républicaine.”
Des
cours de qualité scientifique
Le site d’information tunisien souligne
que ces cours seront pris en charge par des enseignants d’éducation islamique
relevant des ministères de l’Education et des Affaires religieuses et non pas
par des associations. Il s’agit d’aider les enfants à“mieux connaître leur religion et à
maîtriser un peu plus leur langue”. Et pour cela, “on compte pas mal de brillants
humanistes spécialistes de la civilisation islamique”. Kapitalis insiste :
En effet, qu’on le veuille ou non, la Tunisie est un pays dont la religion est l’islam ; c’est la Constitution qui le dit. Aussi, on ne peut se désintéresser de l’islam et de l’usage dévergondé que certains en font.”
Et de conclure : “Au final, si l’on veille
éthiquement à assurer des cours de qualité scientifique tout en les encadrant
par des activités culturelles de nature à éveiller l’esprit et le corps, on ne
fera qu’honorer l’islam des origines, qui est un véritable art de vivre,
magnifiant l’esprit libre dans un corps sain. C’est cela l’islam, du moins
l’islam tunisien, qui a toujours été original, puisant non seulement dans une
tradition pour l’essentiel soufie, mais aussi dans le meilleur de la raison
humaine, étant rationaliste et œcuménique.”
Hoda
Saliby
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